À LA UNEEco-Finance

Bureaux de change en Algérie : Bientôt la fermeture du square Port-Saïd ?

L’Algérie se prépare à l’ouverture de bureaux de change, une initiative qui pourrait bientôt sonner le glas du marché noir des devises, symbolisé par le square Port-Saïd. Cette transition, longtemps attendue, suscite de nombreuses interrogations sur son impact potentiel sur l’économie algérienne.

L’ouverture imminente des bureaux de change en Algérie vient d’être annoncée par le ministre des Finances, Laziz Faid, bien que la date précise demeure inconnue. Le ministre a révélé que deux textes d’application de la loi monétaire et bancaire, publiés en juin dernier au Journal officiel, entreront en vigueur prochainement. Ces textes concernent le dinar numérique et la création de bureaux de change en Algérie, ouvrant la voie à la fermeture du plus grand marché parallèle en Algérie, en l’occurrence le square Port-Saïd.

La publication de ces textes d’application devrait avoir un impact direct sur le marché noir des devises, car elle permettra aux acteurs économiques d’acheter des devises à des taux plus proches de ceux du marché officiel. Cette mesure vise à réduire la demande sur le marché noir et à stabiliser les taux de change à court terme.

Il convient de rappeler que dès février de l’année précédente, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait annoncé la future opérationnalité des bureaux de change en 2023, mais sous certaines conditions spécifiques. L’article 63 de la loi monétaire et bancaire autorise les banques et les intermédiaires à ouvrir de tels bureaux, sous réserve d’un capital minimum.

Ouverture des bureaux de change, les experts sceptiques

Cependant, les experts expriment des préoccupations quant à la rigidité des conditions imposées aux bureaux de change. La limite de marge de change fixée à 1 % par rapport au taux officiel de la Banque d’Algérie entrave l’innovation et la diversification des services offerts aux clients. De plus, les procédures administratives complexes et les sanctions sévères en cas d’infractions ont dissuadé de nombreux acteurs de s’impliquer.

Pour favoriser le développement des bureaux de change en Algérie, une réforme de la réglementation sur le contrôle des changes et une expansion de leur champ d’activité au-delà de l’achat de devises étrangères pour les touristes non-résidents et les retraités sont nécessaires.

Vers la fermeture du square Port-Saïd

L’ouverture des bureaux de change aura inévitablement des répercussions sur le marché noir des devises, en particulier sur le square Port-Saïd. Au début de l’année, les députés de l’Assemblée populaire nationale ont exprimé leur volonté de mettre fin à ce marché illégal lors des débats sur la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit.

Le marché noir des devises est illégal, ce qui constitue un argument supplémentaire en faveur de sa fermeture. Les opérations de change réalisées sur ce marché échappent au contrôle des autorités et échappent à la réglementation en vigueur dans le pays.

La fermeture potentielle du marché noir des devises pourrait avoir plusieurs conséquences :

  • Baisse de l’inflation : La fin du marché noir du square Port-Saïd pourrait contribuer à réduire l’inflation en Algérie, ce qui aurait un effet positif sur les prix des biens de consommation courante et le pouvoir d’achat des Algériens.
  • Renforcement de la réglementation : La fermeture du marché noir permettrait aux autorités de mieux contrôler les opérations de change et d’appliquer plus efficacement la réglementation en vigueur.
  • Difficultés pour les utilisateurs dépendant du marché noir : Certaines personnes ont recours au marché noir pour échanger des devises en raison de la pénurie de devises dans les banques officielles. La fermeture de ce marché pourrait les priver d’un moyen d’échange.

Pour faire face à ces conséquences potentielles, plusieurs solutions peuvent être envisagées :

  • Régularisation du marché noir : Au lieu de le fermer, les autorités pourraient choisir de régulariser ce marché en l’intégrant dans la législation en vigueur. Cela permettrait de conserver un moyen d’échange pour les personnes dépendantes du marché noir tout en renforçant les contrôles et la transparence des opérations.
  • Augmentation de l’offre de devises dans les banques officielles : Pour éviter que les personnes ne se tournent vers le square Port-Saïd, il serait nécessaire d’augmenter l’offre de devises disponibles dans les banques officielles, offrant ainsi aux Algériens des moyens légaux et réglementés pour échanger des devises.
  • Mise en place d’un système de contrôle efficace : Si le marché noir venait à être fermé, il serait essentiel de mettre en place un dispositif de contrôle efficace pour éviter la création de nouveaux marchés parallèles et illégaux. Les autorités devront ainsi renforcer leurs moyens de surveillance et de répression des opérations de change illégales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *